Areva connaissait de longue date les anomalies de l’EPR de Flamanville – Le Monde – 7 juillet 2015

Areva a-t-il sciemment dissimulé – dès 2007 – les malfaçons dans la cuve de son réacteur EPR de troisième génération en chantier à Flamanville (Manche), qui n’ont finalement été communiquées à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en février 2015, puis rendues publiques deux mois plus tard ?

La question se pose à la lecture de la « fiche technique » de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) révélée par Le Canard enchaîné du 8 juillet.
Ce document de 32 pages, auquel Le Monde a eu accès, a été adressé le 3 avril au président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet, qui a décidé d’en rendre les conclusions publiques quatre jours plus tard.

Le gendarme du nucléaire avait alors fait état d’une « anomalie de la composition de l’acier » de la cuve, que M. Chevet avait jugée « sérieuse, voire très sérieuse » puisqu’elle touche au cœur même de la centrale où se produit la réaction nucléaire.
La note de l’IRSN évoque les « analyses chimiques effectuées au cours de la fabrication » du couvercle de la cuve, en septembre 2006, date à laquelle cette coiffe métallique a été forgée à l’usine Areva du Creusot (Saône-et-Loire).

Or, les résultats de ces tests « avaient montré d’importantes ségrégations majeures positives au centre de la calotte de couvercle du réacteur », indique l’Institut.

En clair, une teneur excessive en carbone qui réduit la résistance de l’acier à la propagation de fissures. Ces anomalies, poursuit-il, « n’avaient pas conduit alors à s’interroger sur l’origine et les conséquences potentielles de cette ségrégation ».

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