Uramin : pas rentable mais toujours radioactive – France Inter – 5 février 2016

Un document publié ce vendredi par WikiLeaks montre qu’Areva a abandonné son gisement de Bakouma, en Centrafrique, en 2012, sans respecter ses obligations en matière de santé et de sécurité. Le groupe nous assure avoir depuis remédié à cette situation.

L’affaire Uramin est en partie responsable de la déconfiture d’Areva. A Paris, les juges du pôle financier cherchent à comprendre comment le géant du nucléaire a déboursé en 2007 près de deux milliards d’euros pour des gisements non rentables, et surtout si cela cache une vaste escroquerie ou de la corruption. Ce que l’on sait moins, et que montre un document publié aujourd’hui par WikiLeaks, c’est qu’en 2012, Areva, dépitée, a laissé en plan sa mine centrafricaine radioactive. D’après un rapport (non daté), du “comité de suivi du processus de retrait de la société Areva Ressources Centrafrique”, créé par le ministère des mines, l’entreprise française n’aurait pas pris toutes les précautions nécessaires pour protéger ses salariés des rayonnements ionisants.

la protection des salariés en question

Ce comité rend compte d’une mission qui s’est déroulée du 14 novembre au 13 décembre 2012. Le 7, le comité croise un convoi qui ramène justement à Bangui des salariés et leurs familles, entassés dans des camions et minibus avec bagages et animaux. Les conditions de sécurité sont précaires, le site a été attaqué six mois auparavant par un groupe armé.

Les salariés ont touché des indemnités de licenciement. Mais le comité n’arrive pas à mettre la main sur leurs dossiers médicaux. La direction d’Areva, à Bangui, ne répond pas, et à Bakouma, les disques durs des ordinateurs ont été reformatés. Areva nous répond aujourd’hui qu’elle avait mis en place un suivi radiologique conforme à la réglementation. Selon le groupe nucléaire, les résultats ont été transmis ensuite à l’Agence nationale de radioprotection du pays. Areva rapporte que dans un rapport de mars 2013, l’ANR (l’équivalent centrafricain de l’ASN français) “confirme que les doses reçues par le personnel sont faibles et largement en-dessous des seuils réglementaires”.

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