Survol des centrales nucléaires par des drones : les bonnes questions du Parlement – L’Usine Nouvelle – 25 novembre 2014

Depuis deux mois, les survols de centrales nucléaires françaises par des drones tiennent en échec les autorités chargées de la sécurité.

Tandis que Greenpeace dénonce d’importantes vulnérabilités, l’ASN appelle à repenser l’articulation sûreté-sécurité. De leur côté, les parlementaires se disent prêts à légiférer.

Lundi 24 novembre, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) réunissait autour de la même table politiques, spécialistes de l’aéronautique, autorités chargées de la sûreté et de la sécurité nucléaire, experts indépendants et Greenpeace.

Le thème : la sécurité des centrales nucléaires face aux survols illégaux de drones. Une quinzaine de cas ont été observés depuis deux mois.

A cette occasion, Greenpeace a remis un rapport sur les vulnérabilités des centrales françaises. L’ONG a choisi de ne pas le rendre public pour ne pas livrer un “mode d’emploi” pour des actes malveillants.

L’audition de l’OPECST a été riche, même si plusieurs auditeurs ont regretté qu’elle ne donne aucun indice sur l’origine des vols et sur les moyens de les contrer. Pour autant, le président de l’OPECST, Jean-Yves Le Déaut, a ouvert plusieurs sujets de réflexions.

LA LÉGISLATION FRANÇAISE DES DRONES EST-ELLE ADAPTÉE ?
“Il y a beaucoup de survols illégaux dans de nombreux pays. Mais certains les contrôlent mieux que d’autres”, assure Peter Van Blyenburgh, le président d’UVS international.

“Les autorités américaines enquêtent par exemple sur des survols à l’aéroport JFK, qui mettent en danger les avions”, confirme Patrick Oswald, le directeur commercial France air et sécurité chez Airbus Defence and Space.

La France a anticipé dès 2012 la législation sur le vol des drones. Dans le même temps, elle a constitué un tissu très riche, quasi unique en Europe, de sociétés investies dans la construction, l’assemblage, la location, l’utilisation de drones… “Un risque énorme s’est créé en France.

La loi d’avril 2012 (qui réglemente le vol de drones, ndlr) a été votée vite, mais est très permissive. (…) Il manque une éducation des pilotes et des opérateurs.

La quantité de dronistes qui ne connaissent pas les règles de l’air est gigantesque. Il faut que le monde des dronistes apprenne du monde aéromodéliste et du monde des drones militaires”, explique Peter Van Blyenburgh.

Un constat partagé. Mais “quelles que soient les réformes, il faut savoir que des modifications administratives ne vont pas régler immédiatement le problème des drones”, tempère Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

En ce qui concerne les centrales, le survol est interdit dans un rayon de 5 kilomètres et en dessous de 1000 mètres d’altitude.

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