Les quelques approximations d’Electrabel sur les centrales nucléaires belges – RTBF – 6 janvier 2016

Lundi soir, sur les ondes de la Première, la séquence CQFD opposait la porte-parole d’Electrabel Anne-Sophie Hugé au professeur en électro-mécanique de l’université de Liège Damien Ernst. Alors que Doel 1 et 2 ont été prolongés par le gouvernement fédéral, cette décision politique n’a pas empêché plusieurs incidents, à chaque fois dans les parties non-nucléaires. Faut-il s’inquiéter ? Non, selon Electrabel, pour qui, “il y a une marge entre la réalité et la perception” :

“La réalité, c’est qu’il n’y a pas plus d’arrêts non-programmés maintenant qu’auparavant. Il n’y en a pas eu non plus en Belgique que partout ailleurs dans le monde. Au contraire, on est même en deçà de la moyenne internationale des autres centrales dans le monde.”

Deux affirmations, plutôt rassurantes, sur l’état de nos centrales nucléaires. Mais deux affirmations que les statistiques tendent à (sérieusement) nuancer. Ces statistiques, ce sont celles de l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique, basée à Vienne. Sur son site, l’agence onusienne dispose d’un grand nombre de chiffres sur la production d’énergie nucléaire.

Un chiffre nous intéresse plus particulièrement, celui du “Unplanned Capability loss”, qu’on pourrait traduire littéralement par “Perte de capacité imprévue”. Ce chiffre, calculé en pourcentage, est le ratio des pertes d’énergies imprévues sur une période donnée. En clair : les moments où un réacteur nucléaire ne produit pas d’électricité, de façon imprévue. Est imprévu tout arrêt qui n’a pas été planifié 4 semaines à l’avance, comme l’explique l’AIEA. Et bien entendu, pendant ces périodes, le réacteur ne produit pas d’électricité.

Attention : un arrêt imprévu ne signifie pas qu’il y a eu un danger nucléaire quelconque. Le sabotage du réacteur de Doel 4, par exemple, est également considéré comme une “perte de capacité imprévue”. Idem pour de la récente panne à Doel ou encore la découverte des microfissures.

Néanmoins, lorsque on consulte les statistiques de l’AIEA, pour la période 2012-2014, on constate que les 7 centrales nucléaires belges ont un facteur de “perte de capacité imprévue” de 20,5%. De tous les pays au monde disposant de centrales nucléaires (il y en a 30), notre pays possède le taux de “perte de capacité imprévue” le plus élevé (l’Iran est deuxième avec 17% sur une seule centrale, la Grande-Bretagne est troisième avec 12,8% de “perte de capacité imprévue” sur 18 centrales nucléaires). La moyenne mondiale est de 3,8%, toujours pour la période 2012-2014.

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